L'emploi et le marché du travail constituent des secteurs névralgiques en matière de discriminations. Contrairement à ce que les acteurs économiques ont pris l'habitude d'affirmer, en se cachant derrière la prétendue rationalité de leur projet, les discriminations ne sont pas étrangères à la logique de marché. Elles peuvent lui être fonctionnelles, voire même consubstantielles, phénomène en partie dévoilé par les travaux d'économistes qui, à partir des années 1970, se sont penchés sur le sujet1. Par ailleurs, le travail en tant qu'institution sociale demeure un vecteur essentiel d'intégration et de citoyenneté. Les effets délétères d'un déni de justice et d'égalité n'y sont que plus accusés, mettant à mal une norme démocratique essentielle, celle de l'idéal méritocratique, et atteignant les individus au plus profond de leur image de soi et dignité. Par ricochet, ce sont l'ensemble des règles du "vivre-ensemble" et du "faire-société" que de tels actes viennent impacter.