Depuis le lancement du premier satellite d'observation de la Terre en 1960 (TIROS 1) et surtout depuis 1972 avec ERTS 1 (Landsat 1), la télédétection offre la possibilité de mettre une vision synoptique et régulière de la surface terrestre au service des diverses disciplines s'intéressant à l'organisation de cette surface. La géographie est, par excellence, une discipline dont la fonction est de rendre intelligible cette organisation spatiale. Elle a donc bénéficié depuis ces quarante dernières années des avancées technologiques considérables réalisées en matière d'observation spatiale. Nous assistons depuis la fin du XVIIIe siècle à des pressions de plus en plus importantes sur les milieux naturels et, pour la première fois dans l'histoire de l'Anthropocène — qui débute avec la Révolution industrielle — nous pouvons suivre quasiment en direct les mutations de la surface terrestre, i.e. la modification du rapport entre occupation du sol et usage du sol. L'occupation du sol désigne la couverture physique composant la surface terrestre : il s'agit des surfaces minérales, hydriques, végétales. L'usage du sol fait référence à l'anthropisation des surfaces terrestres, et traduit l'appropriation socioéconomique qui en est faite (Brown et Duth, 2004).