Cette étl!de porte sur le rôle qui jouent la télévision et les discours audiovisuels
datu le rappel d'un passé traumatique, telle que la période de la dictature
militaire en Argentine (1976-1983). Entre les mois d'avril et de
décembre 1985, les neuf commandants responsables du gouvernement
argentin durant la période 1976-1982 ont étéjugés par un tribunal de la
justice civilepour les violations des droits de l'homme perpétrées durant cette
étape du régime militaire (notamment la disparition d'entre 10 000 et
30 000 personnes, à travers l'enlèvement, la réclusion clandestine, la torture,
l'élimination des victimes et l'occultation postérieure des corps). Malgré
lefait que le procès était public et se déroulait en présence dejournalistes et
d'invités divers, les témoignages étaient diffusés par lesjournaux télévisés
dépourvus de son et à raison de trois minutes par jour. Pourtant, le procès
entier a été enregistré, produisant un document en vidéo de 530 heures.
L'objet de cet article est de présenter une synthèse de l'histoire des images de
ceprocès, depuis qu'elles ont été enregistrées en 1985, jusqu'au moment où
elles ont été diffusées à la télévision hertzienne en 1998. us parcours de ces
images et les différentes manières de les monter, nous permettent d'observer
des continuités et des transformations dans la mémoire de la répression en
Argentine: dans les sens donnés à la période de la dictature, dans les
espaces où ces récits sur le passé peuvent se déployer, et dans les politiques